2017-2018, Ultras DANTESQUES !
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Millau
Petit Flashback
30 Septembre, devant la mairie de Millau, l’équipe ACB au complet prend le départ devant Mme Laura Flessel, Ministre des Sports, impressionnée par toute cette foultitude de coureurs prêts à en découdre avec les 100 bornes.
Certains nous regardaient de travers, nous prenaient pour des fous furieux… Je confirme, il nous manque des vis dans le cerveau pour affronter MILLAU et ses difficultés.
Les Warriors sont là au complet : Titi, Steph, Chang, Pascale, Bill, Erick, Georges, Ninja.
Les accompagnateurs, Flo, Alain, nous attendaient au 7 ième kilomètre. En effet pour des raisons de sécurité, le règlement stipule que les vélos et les coureurs ne doivent pas prendre le départ ensemble.
Moi, Kirikou, le Ninja de l’ACB et néophyte dans l’âme dans cette distance, je n’ai pris aucun risque et j’ai donc pensé qu’il était judicieux de prendre mes précautions avant le départ. J’avais décidé la veille de me munir de mon KWAY.
D’ après la météo, le beau temps devait se transformer en désastre. Dès le départ, j’avais mon K-WAY, attaché autour de la taille, j’étais persuadé de son utilité lors de la course.
Au bout de 7 kilomètres, la vérité éclata, une pluie torrentielle s’abattit sur nous. Le parcours jalonné d’accompagnateurs depuis le 7ième kilomètre, tous en selle sur leurs vélos, changea aussitôt de physionomie. La fatigue causée par la pluie, les frottements des pieds dans les chaussures mouillées, tout ce cocktail durcissait la course. Courir cette longue distance sans chaussures de rechange et en ayant les vêtements et les chaussures complètement trempés, ce n’était pas un cadeau. Mais on ne commande pas le beau temps comme pour une pizza. La météo capricieuse nous rendit la vie dure, les ampoules, la chaleur, l’humidité, c’était la panoplie des guest-stars indésirables. C’est Millau qui va décider de notre sort…
J’avoue que j’ai eu quelques difficultés à courir les pieds mouillés et à lutter contre le froid pendant les 50 premiers kms. La pluie dura longtemps, des heures qui semblaient interminables.
Alain, notre coach (Maitre Yoda), était aux aguets sur son vélo pour tempérer mes ardeurs car sentant que je courais derrière Titi Le Boss, sans me rendre compte de ma vitesse trop rapide, il m’informa que la course ne commençait réellement qu’après le 50 ième km. Le message était passé et j’ai pu gérer ma course jusqu’au ravitaillement de Saint-Affrique au kilomètre 72 puis je repris confiance pour attaquer une des parties les plus difficiles car dotées de montées dans l’obscurité et dans la solitude sans accompagnateur.
Avant la course j’avais déjà entendu parler de la fameuse «Bête du Gévaudan». Dans l’obscurité, il y a eu des moments de doute sur son existence. Je me suis posé la question de savoir si le mythe pouvait devenir réalité, si cette bête n’était pas en train de me poursuivre. J’ai vu un panneau marqué «Gévaudan» et malgré la fatigue il fallait cavaler et finir ma course avant d’être dégusté comme un steak par ce molosse.
Ce serait quand même dommage et «bête» de quitter le Val d’Oise pour courir l’Ultra de Millau et de finir dans le ventre de la «Bête du Gevaudan» ! Voilà une idée pour un nouveau dessin animé, genre «Kirikou et la bête du Gevaudan» !
Je n’ai que des bons souvenirs de ce RUN, mon premier ULTRA que je bouclais en 11h 59min 59 secondes loin derrière les autres coureurs aguerris de l’ ACB.
J’étais content d’avoir fini, sain et sauf, sans blessures. J’étais très content pour notre club qui avait aligné beaucoup de nouveaux coureurs sur cette distance.
Nous sommes centbornards !
Next challenge !
Le Grand RAID du Morbihan
- Tes jambes à ton coup tu prendras en Juin !
- La coupe du monde t tu t’en footeras, tu courreras !
- Les rives obscures bretonnes tu affronteras !
- Des foulées dantesques dignes de l’ Ecotrail tu enverras !
- La nature bretonne tu dompteras !
- Le tapis rouge breton tu fouleras avec tes «Fallettes», Claire, Maty, Amina !
- Les ampoules et les blessures tu soigneras !
- Maître Yoda tu remercieras
Au moment ou j’écrivais les lignes, j’avais reçu le mail suivant :
« Conseils de la vice-présidente de l’ Ultramarin »
Bon courage à tous ceux et celles qui se préparent à un gros week end de rando course. L’accumulation de ces heures d’entraînement à faible intensité vous rapproche des conditions de la course. Profitez en pour tester votre matériel et votre alimentation. Vous pourrez continuer à renforcer vos fibres musculaires en adoptant l’allure marche rapide, et vous aurez peut-être à gérer les premiers désordres gastro-intestinaux. Ne négligez pas votre équipement, surtout si vous avez une partie de nuit. Préparez votre itinéraire et n’oubliez pas de prévenir votre entourage. Munissez-vous de votre matériel de sécurité (couverture de survie,…).Respectez votre allure à faible intensité. N’oubliez pas que la vitesse moyenne du Grand Raid est d’environ 6Km/H ! Hydratez vous régulièrement. Vous pourrez partager quelques heures de rando avec des amis ou des membres de votre famille. Allez chercher vos limites, sans les dépasser, et apprenez à mieux connaître les réactions de votre organisme. Ensuite vous pourrez profiter de 2 ou 3 jours de récupération bien mérités. Bon week end. »
La messe était dite……
Ce GRAND RAID DU MORBIHAN, c’est vraiment un SACRE MORCEAU !
Après Milllau, on avait lancé l’idée de s’inscrire pour les 177 kms du GRAND RAID du MORBIHAN. On en a discuté sur la route en revenant de Millau. Bill, Georges, Pascal étaient tous partants, chauds bouillants.
Une blague, un pari, une idée….Je dirai simplement que l’envie commençait à naître et à germer dans nos têtes. La suite vous la connaissez, les 7 Warriors, les 7 mercenaires de l’ ACB se sont inscrits :
Thierry, Chang, Stephane, Pascale, Georges, Ninja
Maître Yoda, Alain, notre Illustre coach n’ avait pas tardé à peaufiner le plan d’entraînement.
J’ai commencé mon entraînement par des sorties au Bois de Boissy et en forêt de Montmorency et en complément j’ai suivi le groupe inscrit à l’ Ultramarin sur la piste du stade de Beauchamp.
Comme il me fallait un Challenge épicé et pimenté avant l’ Ultramarin, mon choix s’était porté sur les 80 kms de l’ Ecotrail de Paris. Pour l’avoir fait en 2011, je connaissais cette course qui est exigeante car la préparation en Hiver n’est pas facile. Il fait nuit, il fait froid, l’envie ou le dégoût peuvent être les pires amis ou ennemis de la prépa !
En parlant de l’Hiver, cette année, ce fut terrible pour l’ Ecotrail. C’était du «Lourd».
Le DANTESQUE
Surnommé à juste titre par l’organisateur et les médias «Le DANTESQUE», les bains de boue de Koh-Lanta à côté c’est de la rigolade.
Du jamais vu, des conditions terribles. Il y a eu beaucoup d’abandons, de blessés à cause de la neige, de la boue, du vent. La veille, l’organisateur nous a envoyé un mail sur de graves dégradations des conditions climatiques le jour de la course. Nous étions prévenus.
Dès le 22 ième kilomètre, après le ravito de BUC, c’était la «folie», le vent glacial et la neige qui tombait fouettaient les visages et les corps meurtris. Toute la région parisienne était touchée.
Je ne sentais plus mes doigts des mains pourtant emmitouflés dans mes gants et mon KWAY. Quant à mes orteils, ils étaient tout le temps immergés dans la boue qui s’était formée sur le parcours à cause des coureurs du 45 kms qui nous ont précédés. Ils ont bien labouré et préparé le terrain pour nous. Il y avait de l’eau et de la boue partout. La boue me réchauffait les pieds et j’avais tellement froid que courir devenait presque impossible. De toutes les façons, il me fallait gérer ma course avec précaution sans blessures car il neigeait des heures sans discontinuer.
Lorsqu’on arrivait aux ravitos, on ressemblaient à des fantômes sortis de l’ Enfer. Ahh oui, je peux vraiment dire que voir des norvégiens marcher derrière moi et se plaindre du froid et des conditions de cette course, çà ne se voit pas tous les jours… Tout le monde avait froid.
Dans la boue épaisse, lors des descentes, nos chaussures s’enlevaient. Grâce aux frontales, on prenait le temps de les rechercher. Un coup c’était le pied droit, un coup le pied gauche. Un «truc de fou» ! Perdre ses pompes dans de la boue, çà pompe l’ air ! Beaucoup en avait marre de cette boue, des racines et des ronces enfouies au fond des eaux boueuses défoncées par les chaussures.
La famille s’inquiétait pour moi car sur le site Internet, je n’étais pas sur la liste des partants. Un bug informatique. Au ravito du kilomètre 56, j’ai appelé la famille pour les rassurer. Ils m’ont demandé si j’allais abandonner la course… si j’allais finir ! La réponse était OUI car c’était l’objectif à atteindre, donc il fallait se donner les moyens.
Depuis le premier ravitaillement, dans ma tête, il me fallait mon «Flow». J’ai l’habitude, je pense tout le temps à ce «Flow», je dois rechercher cet état mental qui me booste et qui me prépare aux pires conditions. Je me parle, je pense à ma famille, je reste concentré. J’écarte les mauvaises pensées, je me méfie du doute. A ce moment précis, la recherche du «Positif» est comme une quête spirituelle pour le dépassement de soi. Lorsque je ressens ce Flow, je ne pense plus qu’à la ligne d’arrivée. Même le «Néant» devient inexistant à cet instant pour moi. Mes pieds ne courent plus, ils ne font que suivre les ordres de mon cerveau qui gère la fatigue. Le lactique s’élimine en alternant la marche et la course. Il n’y a pas de honte à marche quand le besoin se fait sentir. Cela fait partie intégrante de la gestion de la fatigue qui transforme l’adrénaline en sérénité. C’est mon cerveau qui court, c’est difficile à expliquer, mais c’est mon avis, c’est ce que je ressens. Certaines personnes non adeptes de Sport diront que nul besoin de courir pour attraper «ze Flow» et qu’il suffit de s’agglutiner au lit avec sa dulcinée pour le ressentir. Ehhh oui… Pas besoin de faire des séances de côtes en forêt de Montmorency si d’autres forêts sont plus proches moins denses et plus faciles à gravir… Mon flow, c’est dans la course, dans la lutte perpétuelle pour atteindre la ligne d’arrivée.
Bref, j’ai géré ma course armé de courage et de boue pour finir mes 80 Kms en 12H 15 minutes au premier étage de la tour Eiffel qui croulait sous la neige et le froid. Le directeur de la course m’a embrassé, serré contre sa poitrine pour me réchauffer un instant et me remercier. J’étais frigorifié. Je tremblais. La bière coulait à flots, offerte à l’arrivée par les organisateurs. Je n’étais pas intéressé, je cherchais plutôt l’ascenseur pour descendre de la tour et rejoindre ma famille. Me débarrasser des chaussures et prendre une bonne douche, voilà les rêves qui trottinaient dans mon cerveau. J’étais dans un état pitoyable. Je ne ressemblais à Rien … euhhhh, je ne sais vraiment pas à qui, à quoi…
Claire et ma fille Maty étaient venues me chercher, ravies de me voir, mais se demandaient s’il fallait vraiment me laisser rentrer dans la voiture dans cet état… Pourtant dans ma tête j’étais une Beauté divine, pétri de boue, mais prêt pour un défilé de mode à la Tour Eiffel. Les gens de KOH-LANTA défilent sur les plateaux de télévision, pourquoi pas moi, coureur des boues et des bouses !
Ehhh oui,cet Ecotrail, j’y étais.
Nous sommes en Avril, la préparation de la Bretagne continue.
Après un repos bien mérité, je me suis remis en piste. L’objectif breton s’approchait de jours en jours. La semaine, la piste du Stade de Beauchamp me tendait les bras. Les sorties en forêt s’enchaînaient. Dès que je pouvais, avec quelques précautions, j’y allais par tous les temps, le soir, la nuit. Le château de la chasse, les étangs, les côtes, les côtes, les sangliers, les chiens mordeurs (j’ai été mordu en Février 2015 à Montmorency) les cerfs, les écureuils…un univers de rêve pour un amoureux de la nature.
ZE DAY
Vendredi 29 JUIN 2018
Ce jour tant attendu est arrivé. On y est.
Nous sommes arrivés la veille et après avoir récupéré notre fille Amina en classe de Mer à Sarzeau, direction le port de Vannes pour le dossard. L’équipe ACB nous rejoignit dans un café où nous avons eu le temps de boire un café et de regarder un peu à la télévision la défaite de l’équipe du Sénégal face à la Colombie en Coupe du Monde.
Le dossard en poche, direction le gîte situé à La Vraie Croix.
Il faisait très chaud, plus de 30 degrés.
La fin de l’après-midi était calme : repos, repos, repos. Certains avaient choisi l’option Piscine et détente. Pour d’autres, c’était l’heure de la sieste obligatoire pour évacuer Ze stress.
Le soir, sous la chaleur bretonne la Team ACB TRAILERS commença par un petit apéritif raisonnable.
Il fallait boire, boire, boire… de l’eau.
Vers 21H, les préparatifs étaient terminés pour se mettre en mode Ultra, le Kamel bag, le sac de mi-course. Tout était prêt avant d’aller au lit. La nuit a été calme, je tournais dans le lit à cause de la chaleur. Je n’ai pas bien dormi comme à l’accoutumée avant une course. Ca cogite. Beaucoup de pensées.
La matinée était vite passée. Vers 13H, avec Georges, affalé chacun sur son transat, nous avons voulu faire une mini-sieste devant la piscine mais impossible de fermer l’œil. Il fallait être prêt avant 15H 30 pour prendre la direction de l’Inconnu : le Grand RAID.
L’ambiance sur le port de Vannes était remontée d’un cran à la bretonne. La musique, les orchestres, les déguisements de nos hôtes organisateurs, tout était à la bretonne. Je kiffe.
Les séances photos terminées, suivirent les bisous, les câlins et les derniers préparatifs allèrent vite devant les familles et les fans venus nombreux voir ces fous furieux défier la chaleur bretonne. Il faisait une chaleur terrible et le lendemain les prévisions de la météo étaient pire : 34 degrés
Vers 17H 40, la fanfare bretonne entama la musique celte envoutante du GRAND RAID. Les sons stridents des instruments de musique celte me rappelaient les défilés du Festival de Lorient ou les gens endimanchés se pavanaient dans les rues. Nous, ce sera dans la Pampa bretonne …
Ce cérémonial breton était apaisant et me faisait du bien. J’avais l’impression d’assister à la rentrée des boxeurs dans le ring.
Séance Photos, derniers conseils du Coach Alain, et nous voilà partis. Ca y est.
Un petit virage rapide sur les quais du port de Vannes pour nous faire acclamer par nos fans et nous voilà sur les chemins bretons. Les bretons étaient à l’apéro (pas tous ! Les vrais).
Saucisses, bières, Breiz-Cola (no comment, j’ai pas aimé cette boisson que je ne conseille pas de boire au ravito). Ca sentait la fête, mais pour nous çà sentait le roussi.
Ma vitesse de course n’était pas élevée. Les consignes de Thierry était respectée à la lettre : ne pas aller vite, rester calme et zen, marcher quand il le fallait, bien regarder les balises du parcours.
Jusqu’au semi-marathon tout allait bien. Mais le passage dans l’eau à marée basse à ARRADON fit des dégâts.
Je marchais en titubant dans ces algues sales et beurrrk beurkkk. Je n’étais pas le seul à râler. Quelque chose d’indécent de malpoli et de dégueulasse me chatouillait les pieds. J’aurais aimé les voir ces bestioles qui se cachaient : méduses (j’en suis médusé !!!!)), ours bretons, pêcheurs bretons énervés par cette course, poissons bretons, j’en sais rien mais je les déteste tous, pire que la bête du Gévaudan.
Les rochers tranchants cachés au fond de l’eau nous déchiraient les pieds. C’était horrible ce passage. Etait-ce fait exprès par les organisateurs ou par les bretons ? That is the question ! Je pensais qu’ils étaient gentils les bretons mais là, …le summum du supplice. Ils auraient pu nous envoyer leurs «Déménageurs Bretons» pour la traversée, eux qui se réclament les meilleurs spécialistes au monde ! En ce lieu-dit d’ ARRADON les courageux coureurs auraient sans doute eu besoin d’entendre fredonner «Libérezzzzzz, Délivrezzzzzzzzz, na na na na na naaaa !!!! Même pas eu droit à cette chanson.
En toute sincérité, je veux bien refaire cet UTRA MARRANT mais pas avec des bestioles affamées par le ramadan, tapies au fond des eaux, bouffant les pieds des pauvres coureurs sans aucune excuse, même pas merci pour service rendu après s’être bien gavées de nos peaux…
Sorti de l’eau il fallait enlever le sable, sécher les pieds avant de remettre les chaussettes et les chaussures. J’avais une incision ensanglantée sous le pied due aux rochers tranchants.
J’étais avec Georges, on se demandait quelles surprises ou spectacles nous attendaient après ce passage délirant.
Nous sommes repartis mais la reprise fût dure. J’avais mal car je commençais à sentir les ampoules qui gonflaient sous mes pieds. Dès que je courais je les entendais se percer. La blessure due aux rochers me chatouillait la plante des pieds. Je serrais les dents, reprenais mon souffle.
La deuxième marée après ARRADON fit encore plus de dégâts. Le sel, le sable, les algues et l’eau… tout ce cocktail avait tendance, sous la chaleur caniculaire, à provoquer des blessures gênantes.
Je savais que Les Fallettes (Claire, Maty et Amina) et les fans de l’ACB nous attendaient au deuxième ravito de Baden. J’étais content de les voir. Ils étaient beaux et propres. J’ai pu me sustenter avant de repartir boosté et gonflé à bloc. Manger et boire c’était la seule issue pour avoir des ressources et compenser le handicap des douleurs et des ampoules.
Jusqu’au ravitaillement du kilomètre 52, LE BONO, j’ai pu gérer tranquillement ma course en respectant mes consignes : boire, boire, boire, s’asperger d’eau sur les bras la tête, tout le corps.
A ce ravito, je suis tombé sur Thierry. J’ai pris du temps pour me restaurer sans me rendre compte qu’il s’était volontairement arrêté et qu’il avait abandonné. J’ai pensé qu’il blaguait, mais il était sérieux. C’est un Vrai Warrior ! Ze Boss ! Pour qu’il abandonne, c’est que ce n’était pas son jour, c’est que çà n’allait vraiment pas. Tout était possible, des problèmes gastriques, la chaleur, les ampoules… etc
Mais Il y en aura d’autres, Warrior et tu en as fait des plus dures des courses.
J’ai beaucoup pensé à lui, et à tous les autres amis de l’ACB face aux conditions extrêmes que nous avons eues.
C’est ainsi que je suis reparti de BONO, pour passer ma douce nuit dans l’obscurité (pourtant j’en avais des ampoules, mais sous le pieds , lol ). Heureusement j’avais une frontale et une ventrale.
Le Samedi matin ce fut l’embarquement à Guilvin pour la traversée en bateau vers Locmariaquer au km 82. Il commençait déjà à faire chaud surtout avec nos gilets de sauvetages enfilés sur les couvertures de survie. Je ressemblais à un cosmonaute russe.
Les Fallettes m’attendaient au ravito d’ ARZON ou j’ai failli péter les plombs. Mais pourquoi me direz-vous ?
Une histoire de fou, ou «Un truc de oufalaFallou» : pas de sac de rechange
En effet, à ARZON, comme tous les autres coureurs je m’attendais à pouvoir me changer, mettre de nouvelles chaussettes et chaussures anti-ampoules. Mais lorsque les organisateurs m’ont dit que mon sac de change était resté à VANNES, ce fut le choc. J’étais sale et trempé de sueur, de sel, de sable partout. Et là je devais repartir dans cet état lamentable avec mes ampoules et mes pieds emballés dans mes 2 bandanas ? J’ai encaissé le coup rapidement, mes enfants étaient là, me regardant d’un air triste. Il fallait comprendre que le chemin restant vers VANNES serait long et dur.
Les Fallettes me regardaient. Pauvre Papa, devaient penser Amina et Maty ! J’ étais écœuré et le moral au fond des chaussettes..
J’étais pensif. Les idées défilaient dans ma tête. J’ai un peu râlé sur cette organisation bizarre. (Au final il se trouvait que l’endroit ou mon sac était déposé sur les gradins à Vannes était réservé aux retours !
Vous allez comprendre en lisant ce post d’un trailer :
« un coureur doudouX a écrit :
J’ai dû rester 2h30 à Arzon parce que quand je suis arrivé pour aller chercher mon sac, on m’annonce qu’il n’ était pas là et pour faire court, les 3 personnes qui s’en occupaient n’en avait rien à faire. On m’a juste dit “vous êtes pas le seul”. J’étais alors au 36eme de sous. J’attendais ce sac avec les rechanges, une autre paire de pompe et surtout mon short compressif (mes cuisses souffraient pas mal). Et après plus de 13h d’effort, j’étais incapable de réagir et de me battre avec cette organisation qui ignorait totalement ma détresse. Je pensais à l’abandon…
Bref, le plateau de repas me redonna de l’espoir : soupe (double ration), jambon, pâtes, fromage, pommes, pâtes de fruit, fruits secs… café
Pour atténuer les douleurs au niveau des pieds, comme je n’avais pas de change, j’ai décidé d’enlever mes 2 bandanas et de les utiliser pour envelopper les ampoules sous chaque pied, histoire de faire tampons lorsque je courais ou marchais. J’avais aussi mes chaussettes mais elles étaient devenues inefficaces face aux ampoules.
C’est dans un tel état que je suis reparti du gymnase d’ ARZON boosté et beaucoup plus déterminé plus que jamais à relever le défi. En sortant du Gymnase, je me suis dit, vas-y, fonce, c’est dans la tête.
A ce moment-là, j’ai ressenti le FLOW qui me transcendait et qui, comme dans une sorte de transe, remuait mon corps démuni. Il me le fallait. Mon organisme était affaibli et démuni.
J’étais en extase, et j’ai pu gérer pour rejoindre Sarzeau ( départ de la course du 56 km) où j’étais ravi de croiser vers 17H Nathalie et Agnès accompagnées de Claire.
L’après-midi du Samedi fût chaude, 33 degrés. Je buvais, m’aspergeais d’eau sur les bras, la tête. Au bord d’une route, un gentil Seigneur breton m’ avait offert du melon que je pris le temps de déguster car il faisait vraiment chaud. Que du Bonheur..
Au ravito du Hezo, kilomètre 135, des douleurs apparaissent au niveau du mollet droit. Tout le reste était nickel. Je mange, je bois, je mange, je bois et je repars.
La deuxième nuit commençait. Et pour la deuxième fois ce sera une nuit blanche.
Entre NOYALO et SENE, je me suis incrusté dans un groupe. Nous marchions tous ensemble et arrivé dans un chemin nous ne voyions plus les balises du parcours. Rien… Nous avons pris un chemin, celui qui semblait logique. Au bout d’un quart d’heure de marche, il fallait faire demi-tour, repartir, s’arrêter, réfléchir… La pluie commençait. Le tonnerre de Zeus, les éclairs. Le ciel grondait.
Par terre, aucune trace de balise. En persévérant, nous avons fini par trouver la balise. La pluie tombait petit à petit, puis s’intensifiait. Les orages étaient annoncées la veille par Météo France, c’est pour çà il fallait absolument arriver avant la nuit de Samedi à Dimanche. Fastoche à dire… avec mes ampoules, mon contrat c’était la ligne d’arrivée. Il pleuvait des cordes et en prime, du tonnerre, des éclairs, des torrents d’eaux et de cailloux qui dévalaient les pentes des chemins bretons. Je me suis abrité sous un buisson. J’y suis resté longtemps soufflant dans mes deux mains collées pour me réchauffer. Je tremblais mais recroquevillé je ressentais moins le froid. Lampes frontales allumées je ne voyais presque personne passer. Certains devaient dormir ou étaient en hypothermie..
Je pense que beaucoup de coureurs comme moi s’étaient arrêtés. Il était presque 3H du matin.
Je luttais contre les gouttes d’eaux qui ruisselaient sur moi. Au contraire j’avais besoin de me réchauffer. Je claquais des dents. Je soufflais encore plus fort dans mes mains sous ma combi de survie.
Au bout d’une heure presque la pluie ne cessant pas j’ai décidé de repartir avec un groupe jusqu’au ravito de SENE. Il restait une vingtaine de kilomètres avant VANNES me disais-je en mangeant !
Je ressors du Gymnase sous la pluie et, mine de rien, ça me fait revivre ! Ca change des fortes chaleurs de la journée et même l’eau n’avait plus aucun goût car trop réchauffé sous ce cagnard entre deux ravitos … Heureusement j’en avais gardé de l’eau et j’avais aussi mes fruits favoris : des pommes. Tout allait bien.
La petite matinée de Dimanche pointait le bout de son nez. Lueurs d’espoir, lever du soleil. Je sentais que la fin était proche. Cette partie sans ravitaillement était calme. Lever une jambe devenait de plus en plus difficile. Aucun moyen d’avoir de l’eau. Le bretons étaient dans les bras de Morphée. Ils prenaient plaisir à roupiller ou ronfler dans leurs lits à l’horizontal. Pour moi, toujours à la vertical depuis Vendredi je recherchais à l’horizon le port de Vannes. Vivre cette course en pensant pouvoir dormir serait un supplice pour moi car j’aurais été incapable de dormir ou même de faire une sieste aussi petite qu’elle soit. Certains y arrivent. D’autres NON.
Le Samedi sous le cagnard, dans certaines forêts, j’ai vu des coureurs mal à l’aise, vomissant, affalés. Je proposais mes comprimés anti-vomitifs. Rien à faire ils déliraient, parlaient tout seuls. Le soleil brulait les voix, ils n’arrivaient pas à me parler. Je partais quand je sentais que la personne avait besoin d’être seule, de dormir. Je ne m’imagine pas dormir sous cette chaleur.
Dès le départ, ma devise fût :
- foncer, arriver à vaincre la douleur et les doutes en mangeant mais surtout en buvant beaucoup d’eau (pas de Breiz Cola ! Titi m’avait prévenu, il avait raison).
- finir en bon état, bien finir sans traumatismes, sans séquelles.
C’était un risque de dormir. Je ne voulais pas prendre de risques. Pour toutes ces raisons j’ai préféré laisser au gîte ma montre «Tom-Tom Runner». Je me repairais sur mon «Road MAP».
Le port de Vannes était visible mais c’est trompeur. Au loin à l’aube, c’est presque le bout du monde ! Oui au loin où j’aperçus les Fallettes : Claire, Maty, Amina J’étais le plus heureux des coureurs, peut-être, le seul avec Tchang ayant eu le privilège de finir le Grand RAID 177 sur le tapis rouge avec ses 3 Fallettes !
Merci à mes trois amours, Claire, Maty, Amina ! Kiss Love !
Merci à ALAIN Maître Yoda !
Spéciale dédicace aux Warriors Trailers de l’ ACB. Il y en aura d’autres pour Titi, Stéph, Pascale, Georges Bill,
Merci aux soutiens accompagnateurs infatigables qui nous ont soutenus des mois, des jours, des nuits, des heures, pour ce beau défi que j’ai essayé avec humilité de relever.
Félicitations à tous ceux de l’ACB qui sont allés à l’ ULTRAMARIN de BRETAGNE pour accompagner, marcher, courir (finisseurs ou pas, pas d’importance).
Bravo à ceux qui ont défoncé le 80 kms (Erick, Sylviane) et ceux qui ont atomisé le 56 kms (Agnès, Nathalie, Yannick)
Des moments comme ceux que nous avons vécus dans ce gîte, ce sera un souvenir indélébile.
Voir toutes ces générations jouant dans la piscine, c’est beau.
Kiss Run Love
FALLOU