Le Géant de Provence et le petit cycliste.

C’est une idée qui est née il y a un an après avoir fait avec mon beauf le col du Tourmalet : Pourquoi pas monter le Ventoux ;

Le chalenge n’était seulement de le gravir mais de le faire par toutes les possibilités de départ qui s’offrent aux cyclistes sur route, c’est-à-dire 3 : De Sault, de Malaucène et de Bédoin.

Dimanche, aller à Sault en voiture, pour le départ du plus long trajet, avec une grande partie facile où le pourcentage est aisé et où les choses se corsent qu’à partir du chalet Reynard, lorsque la route rejoint celle qui vient de Bédoin. Il reste alors 6 kilomètres durs pour arriver au sommet. Un peu plus de 2 heures d’effort qui donnent le moral car les sensations ont été bonnes du fait de l’intensité relativement aisée grâce à un pourcentage moyen relativement modeste au début, ce qui permet d’en garder pour la fin difficile.

Donc le soir, bon moral un peu gâché par un mal de gorge naissant attrapé probablement en haut et à la descente ; le différentiel de température étant assez important.

Après une journée de repos, consacrée au tourisme et aux soins de la gorge, nous repartons le mardi matin pour Malaucène.

Bédoin / Malaucène par un petit col (de la Madeleine, mais pas le plus connu heureusement) pour décrasser de dimanche et chauffer un peu, puis c’est parti pour 21 km quasiment sans répit.

Et là, très vite, j’ai su que ça n’allait pas être simple ; mal de gorge ?, pas assez de récupération ?, les deux ?, en tout cas la galère arrive vite et j’ai les jambes qui ne valent plus rien à partir du 4ème kilomètre ; super, il n’en reste plus que 17 !….

Pendant toute l’ascension, le seul objectif est de ne pas poser une seule fois le pied à terre. Objectif réussit. Mais que c’est long. Mais que c’est bon quand en levant le nez dans les 2 derniers kilomètres on voit la grande tour au sommet. On le rebaisse vite car le vent souffle.

Et 2 kilomètres ce n’est pas encore gagné. 

Arrivé en haut j’ai pris conscience que la difficulté était beaucoup plus importante que je ne l’avais imaginée et en redescendant sur Bédoin je me suis dit que 2 fois sur 3 ce n’était déjà pas si mal….

Une fois récupéré devant une petite mousse, petit débriefing avec Patrick qui avoue en avoir bien bavé aussi (Et lui c’est un pur cycliste).

Nous décidons, en accord avec les prévisions météo, de se donner un jour de repos supplémentaire (heureusement que nous avions commencé dès le dimanche) pour augmenter nos chances (surtout les miennes car lui aurait pu enchainer le jeudi).

Donc vendredi matin départ de Bédoin pour la montée versant sud avec la connaissance des 6 derniers kilomètres terminaux que nous avions déjà fait en partant de Sault.

La nuit a été mauvaise car le souvenir de la précédente ascension entamait sérieusement ma conviction d’aller au bout.

Après un départ prudent où le pourcentage est modeste, je rentre au 5ème kilomètre (8%) avec déjà l’envie d’abandonner (quand on sait qu’il va y avoir du bien plus lourd après). Les jambes font très mal et la perspective de souffrir pendant plus de 2 heures comme 3 jours auparavant me parait quelque chose au-dessus de mes forces.

Je me donne alors comme objectif de continuer jusqu’à ce Murielle en voiture me double (environ au 10ème km).

Lorsque cela se produit, la voiture passe sans ralentir ; juste un petit coup de klaxon. Elle a dû voir à mon coup de pédale que ce n’était pas le moment de s’arrêter et de me donner la possibilité d’abandonner.

Je réalise que je rentre dans les 10 derniers kilomètres et j’en vois au bord de la route, pieds à terre, pire que moi.

A ce moment la tête qui me manquait encore plus que les jambes s’est remise à l’endroit et j’ai commencé à de nouveau croire que c’était possible.

Ça l’a été.

Je suis arrivé pour la troisième fois au sommet dans un temps bien meilleur que je pensais et avec la satisfaction d’avoir surmonté les doutes qui m’ont accompagné très longtemps.

Je n’ai pas vaincu le géant de Provence, j’ai subi sa force ;  J’ai réussi à aller sur son sommet, mais c’est lui qui m’a dominé tout au long de la partie. Il est très beau et il est très fort.

Alain

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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