Deux marcheuses nordiques de l’AC Beauchamp aux 100 km de Millau

Deux marcheuses nordiques de l’AC Beauchamp aux 100 km de Millau

Un jour de janvier, Corinne Ducamp coach marche nordique et moi, Colette Varet, marcheuse nordique et traileuse, avons décidé de faire ensemble les 100 km de Millau. Une épreuve mythique les 100 km de Millau. 100 km, déjà ça fait peur et Millau est réputé pour être le plus difficile des 100 km avec un dénivelé assez important, mais c’est aussi le plus beau !

Jusqu’à présent notre plus grande marche nordique était le Versailles-Mantes, 52 km de nuit, donc là presque le double. Beaucoup de coureurs de l’AC Beauchamp l’ont déjà fait ou en rêvent, mais aucun marcheur, alors ce fut une décision importante de s’y inscrire et Millau ça ne s’improvise pas, il faut une bonne préparation.

Alain Perrier, notre Coach athlétisme, nous concocte  un plan sur mesure que Corinne suit avec application et moi un peu moins car des trails en montagne sont aussi au programme avec mon mari et coach personnel Laurent. Il nous faut aussi trouver la bonne vitesse, celle qui nous permettra de tenir sur les 100 km sans non plus s’ennuyer. Après essais, nous nous décidons pour 6 km/h.

 

Sur Millau chaque concurrent a droit à un accompagnateur vélo. Ce sera respectivement Jean-Marc Girault, qui a déjà couru deux fois Millau et est également coach de marche nordique à l’AC Beauchamp et Laurent Varet, mon mari.

 

La date arrive enfin, nous partons sur zone, pas de  stress, le but est juste de terminer. Mais le matin du départ le cœur bat plus fort quand même. Nos cyclistes nous laissent, car tous  les vélos doivent  attendre au km 7. La tradition veut aussi que les concurrents rejoignent le départ en cortège, l’occasion de partager.

 

A 10 h c’est le vrai départ et là en franchissant cette ligne une grande émotion  nous prend, ça y est nous sommes dedans. C’est parti, doucement le temps que le cortège s’étale !

Puis nous prenons notre rythme, nos fameux 6 km/h. L’ambiance est bon enfant. L’avantage en marchant, c’est que nous avons le temps de profiter, d’admirer autour de nous. Le premier ravitaillement arrive déjà, nous grignotons rapidement quelques morceaux de banane, orange ou citron avant de repartir. Nos accompagnateurs vélo ne sont pas loin et c’est avec plaisir que l’on se retrouve. Ils commençaient à trouver le temps long ! Maintenant  à eux de se mettre à notre allure.

Les km passent doucement, 10, 20… nous parlons, rions, profitons des ravitaillements à chaque fois et admirons les paysages magnifiques. Il fait chaud, la casquette trempée dans une fontaine fait un peu baisser la température mais il y a quand même des passages ombragés bien agréables. Le parcours est constitué de deux boucles, la première correspond au marathon et revient à Millau où l’on passe juste à côté de la ligne d’arrivée, mais juste avant, à 40km, nous faisons  une petite pause « soin des pieds ».

 

Enfin, les 42 km, le marathon c’est fait !

 

Pour l’instant tout va bien, et nous repartons donc pleines d’entrain pour la deuxième partie qui est un aller-retour de 59 km, mais à priori les plus difficiles car c’est une succession de côtes et descentes. Il va falloir tenir !

Nous croisons et applaudissons le premier coureur qui termine en 7 h 18.

 

Le fameux Viaduc de Millau est enfin en vue en haut d’une belle côte alors qu’il fait encore bien chaud. En dessous, nous nous sentons bien petits, c’est impressionnant !

Dans la descente nous croisons la première féminine qui en sens inverse monte en courant avec une  facilité apparente alors qu’elle a 90 km dans les jambes… Nous l’applaudissons avec admiration.

De notre côté, nous maintenons notre cadence.  Au ravitaillement du 53 km, arrêt un peu plus long, une remise en état des pansements est nécessaire  afin de soigner un peu mieux les ampoules. Nous repartons et croisons de plus en plus de monde, c’est le gros du peloton des coureurs, beaucoup nous encouragent, c’est sympathique. Nous voyons aussi les cars qui ramènent ceux qui abandonnent, mais ça, ce n’est pas pour nous.

Jean-Marc est aussi notre « relation publique » il fait le lien avec le club et nous transmet régulièrement  les nombreux  encouragements du club.

 

 

Le jour commence à baisser et avec la température qui devient vite fraîche. Les premières frontales s’allument, puis la nuit est là et l’on ne croise plus que des lumières. Laurent nous met de la musique, il avait prévu une petite sono, c’est motivant. Nous approchons de St Affrique,  la ville qui est le point de retour et l’on envie de plus en plus ceux que l’on croise. On y est  enfin à ce ravitaillement des 70 km. Il en reste 31 mais direction Millau maintenant. Plus rien ne pourra nous arrêter même si  les ampoules titillent toujours, que les jambes sont raides, un regard d’envie vers les masseurs à disposition  mais un arrêt trop long n’est pas toujours conseillé, donc nous repartons et c’est maintenant  nous qui sommes dans l’autre sens. Notre allure est toujours bonne même si elle ralenti un peu, car nous sommes dans une longue montée et malgré tout lorsque l’on aperçoit les lumières des marcheurs (il n’y a plus que ça) devant nous, nous les rattrapons assez facilement et doublons tranquillement. C’est l’avantage de la marche nordique, quand nous sommes lancées, les jambes marchent toutes seules, les bras donnent le tempo, on ne réfléchit plus. La musique nous aide aussi.

Nos cyclistes marchent maintenant pour se réchauffer car  même si nous sommes tous bien couvert Il fait très froid à présent.

Après chaque arrêt, les redémarrages sont difficiles, il faut remettre la machine en marche, mais le moral est bon, 80 km, puis les fameux 90 km tant attendus qui annoncent  le viaduc et la dernière grosse montée. Même si on a l’impression de ne plus marcher très droit à cause de la fatigue on sait que c’est bon, on va terminer. On repasse sous le viaduc  et c’est la grande descente.

 

C’est très calme car les routes sont fermées pour l’épreuve. Il n’y a donc que des silhouettes accompagnées ou non d’un vélo et plus personne en face depuis longtemps. Pourtant, arrive en face de nous des vélos, à 3 h du matin c’est étonnant ! Lorsque nous reconnaissons les voix… ce sont celles de nos amis du club de l’AC Beauchamp qui viennent nous accompagner jusqu’à la ligne d’arrivée. Ça fait chaud au cœur, ils se sont levés et sont partis dans la nuit et le froid pour nous ! Un superbe cadeau ! Ils nous annoncent plus qu’une heure… non, non,  il ne faut pas nous dire ça, ils rectifient, plus que 5 km, là ça va mieux !   Nous passons le dernier ravitaillement. Nous sommes dans la ville maintenant et dépassons toujours  des marcheurs ou ex-coureurs… Puis c’est la dernière ligne droite. Nos accompagnateurs nous laissent car ils doivent poser leurs vélos pour passer la ligne d’arrivée à pied avec nous.

 

Enfin, l’entrée dans le parc, l’émotion nous envahie, une dernière petite montée avant de franchir cette ligne tant attendue, nos chevaliers servants sont juste derrière nous lorsque nous entendons enfin nos prénoms. Nous sommes très émues essayant de retenir nos larmes sur la photo finisher. On se félicite et s’embrasse. Il faut aussi penser à arrêter la montre, 18 h 01 de course, c’est génial !!!

 

C’est finalement passé vite, même si certains passages étaient longs, si on se demandait chacune dans notre tête si on tiendrait, si on y arriverait malgré la motivation et les entraînements, et bien c’est fait, même un peu plus puisqu’il y a 101 km.

               on est 100 bornardes !!!

Rien qu’à écrire ses lignes, les larmes d’émotion sont encore là…

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